Sujet(s): notes de direction artistique

 

Un décor qui prend forme en direct. Un jeu d’acteur à l’écoute du présent.

Chantier en construction : le chemin est la destination.

 

Une scénographie ancrée dans le quotidien

 

Un plateau nu, sans  délimitation scène – salle, sans machinerie.

Des chaises en tout genre placées en cercle. Le cercle pour une parole qui tourne en rond. Le cercle pour le manège enchanté. Le cercle pour l’arène des corps en lutte. Le cercle pour le chapiteau circassien.

Parmi les spectateurs, les deux comédiennes (Morgan Floc'h et Sylvia Donis). Tandis que la première s’assied au même titre que le public, la seconde reste en retrait. Au fur et à mesure que l’attente se prolonge, Morgan rompt le silence par le bruit des mots et des sacs qu’elle déballe. Apparaissent des objets pour la plupart absurdes au vue de la situation.

Petit à petit, un décor prend forme. Les objets sont déplacés, détournés, donnant à ces avatars du quotidien une toute autre perspective. Suivant la progression du texte, les comédiennes vont et viennent entre intérieur et extérieur du cercle, entre corps réalistes et chorégraphiques, entre interprétation et improvisation. Cette ambivalence est soutenue par le travail de la lumière : seules les comédiennes ont la main sur les sources lumineuses, notamment via les objets déballés au fur et à mesure. Pareillement, les sons  se produisent en direct, par les corps, les objets, leur interaction.

A travers ce choix scénographique, nous avons un double objectif : proposer une vision potentiellement amusante à partir d’un texte potentiellement sérieux, et tenter d’apprivoiser les frontières entre acteurs et spectateurs.

 

Une direction d’acteurs ancrée dans l’immédiat

 

Le texte met en scène deux personnages dont le langage, et l’attitude, sont au départ opposés. D’une part, le personnage incarné par Morgan Floc'h, dont la parole déborde au gré des situations, dont les mouvements sont amples et aisés. D’autre part, le personnage incarné par Sylvia Donis, qui questionne, se perd dans sa grammaire, rendant la compréhension parfois obscure, dont le corps semble plus ancré, plus conscient de son propre poids.  Au fil de la pièce, cette opposition évolue, s’inverse même parfois, jusqu’à la rencontre de deux profils d’un seul et même visage.

 

Nous travaillons donc sur l’équilibre, la balance entre les personnages, et donc leur écoute mutuelle. Ce travail d’acteurs, ancré dans la recherche et l’expérimentation, tout comme l’outil texte, nous sert de base sur laquelle nous pouvons librement nous adapter en fonction du moment présent. Nous favorisons ainsi l’improvisation, car selon le lieu et le public, la réactivité est forcément différente. A nos yeux, l’environnement spatial, temporel, humain, est un personnage à part entière avec lequel nous voulons également jouer et créer. Chaque pierre, chaque jour, chaque présence est différente, ainsi doit-il en être de chaque représentation.